Après Dahmer et The Menendez Murders, j’attendais Monster: Ed Gein avec curiosité. Ryan Murphy s’attaque cette fois à un tueur légendaire, source d’inspiration pour Psychose et Massacre à la tronçonneuse. Rien que ça.
L’ambiance ? Glaciale. La mise en scène ? Soignée. Mais, malgré tout, cette saison m’a laissée partagée. C’est bien fait, c’est intense, mais pas aussi percutant que je l’espérais. Voici ce que j’en ai pensé, sans fard ni filtre.
Le pitch : entre fascination morbide et drame psychologique
Comme toujours avec Monster, on ne fait pas dans la légèreté. Cette fois, Netflix nous plonge dans l’esprit torturé d’Ed Gein, surnommé « le boucher de Plainfield ». Le décor est celui d’une Amérique rurale, austère et poussiéreuse. Chaque plan semble transpirer la solitude et la folie. On oscille entre flashbacks traumatisants, scènes de tension et moments d’introspection presque poétiques.
L’ambiance, elle, est d’une froideur clinique : pas un rire, pas une respiration de trop. On sent l’angoisse qui monte lentement, scène après scène. Ce réalisme dérangeant fonctionne à merveille, mais c’est aussi ce qui rend la série plus difficile à regarder. Ce n’est clairement pas une série à lancer un dimanche soir pour se détendre.
En revanche, la narration prend son temps, parfois trop. Certains épisodes s’étirent un peu inutilement, comme si la série voulait nous faire ressentir l’ennui et la démence d’Ed Gein lui-même. Une idée audacieuse, mais qui finit par casser le rythme.
Ce que j’ai aimé
L’atmosphère, d’abord. C’est la grande force de cette série. On est plongé dans un univers visuel travaillé, presque pictural. La lumière, les décors, le son… tout est calibré pour créer un malaise constant. Ryan Murphy a un don pour transformer l’horreur en esthétique et c’est, une fois encore, magistralement exécuté.
L’acteur principal, ensuite, mérite des applaudissements. Il parvient à rendre Ed Gein à la fois terrifiant et profondément humain, sans jamais le rendre sympathique. Son jeu repose sur une tension permanente : la fragilité d’un homme brisé contre la monstruosité de ses actes. C’est dérangeant, mais impossible à détourner du regard.
Et puis, les références. Les fans de true crime vont se régaler. On retrouve des clins d’œil à Psychose, Massacre à la tronçonneuse ou encore Le Silence des Agneaux… autant d’œuvres directement inspirées du mythe Ed Gein. Cette toile de références rend la série encore plus captivante pour ceux qui connaissent un peu l’histoire du cinéma et des tueurs en série.
Enfin, la bande-son est parfaitement choisie : discrète, presque invisible, mais toujours là pour accentuer la tension. Elle glisse sous la peau sans qu’on s’en rende compte.
Ce qui m’a moins convaincue
Là où Dahmer m’avait happée de bout en bout, Ed Gein m’a parfois perdue. Le rythme, plus lent, laisse place à des temps morts qui diluent l’intensité. Certains dialogues manquent de consistance et donnent l’impression que la série hésite sur le ton à adopter : drame psychologique ou pure reconstitution criminelle ?
On aurait aimé plonger plus profondément dans les zones d’ombre du personnage, comprendre davantage ses motivations ou son rapport à la folie. Au lieu de ça, la série reste un peu à distance. Et c’est dommage, car avec un tel sujet, il y avait de quoi nous faire frissonner bien plus fort.
Enfin, la mise en scène, bien que sublime, devient parfois trop appuyée. À force de vouloir tout montrer avec élégance, elle finit par perdre en émotion brute. Le spectateur est fasciné, mais moins touché.
Comparaison avec les saisons précédentes
La première saison reste, selon moi, inégalable. Dahmer était un choc. Une série coup de poing, à la fois terrifiante et profondément humaine. The Menendez Murders, elle, proposait un angle plus judiciaire et social, intéressant mais plus conventionnel. Ed Gein, de son côté, tente une approche plus psychologique, presque poétique. C’est audacieux, mais cette lenteur contemplative finit par diluer la tension dramatique qui faisait la force de la saga.
Ce que cette nouvelle saison gagne en profondeur, elle le perd un peu en intensité. On comprend la volonté de Ryan Murphy de ne pas se répéter, mais cette fois, l’émotion reste en surface.
Faut-il la regarder ?
Oui, surtout si vous aimez les séries sombres et immersives, qui font réfléchir autant qu’elles dérangent. Monster: Ed Gein est une œuvre qui ne se consomme pas à la légère. Elle demande du temps, de la concentration, et un peu de recul. C’est une série à savourer lentement, comme un thriller psychologique qui s’infiltre doucement dans l’esprit.
Mais attention : si vous cherchez le choc, l’intensité et la tension émotionnelle de Dahmer, vous risquez de trouver cette saison trop lente. Disons que Ed Gein se regarde comme une peinture du mal plutôt qu’un récit de terreur.
Mon verdict final et où regarder la série
Monster: Ed Gein est une œuvre soignée, froide, dérangeante, visuellement superbe mais émotionnellement plus distante. On sent la patte d’un réalisateur qui préfère suggérer plutôt que choquer, et c’est à la fois sa force et sa limite.
J’ai aimé, sincèrement, pour sa beauté visuelle, son jeu d’acteur et son atmosphère. Mais j’aurais voulu être plus bousculée. Dahmer m’avait mise mal à l’aise, bouleversée, marquée. Ed Gein m’a fascinée, mais sans me secouer.
Si vous aimez les séries qui grattent là où ça dérange, celle-ci vaut le détour. Si vous cherchez à comprendre ce qui pousse un homme à franchir les pires limites, vous y trouverez votre compte. Mais si vous voulez un ascenseur émotionnel, mieux vaut revoir la première saison.
Monster: Ed Gein est disponible en streaming sur Netflix. Vous pouvez la retrouver dès maintenant sur la plateforme, aux côtés des deux premières saisons de la série Monster.
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